mardi 20 janvier 2009

Les élèves


Beaucoup de wazumgous qui atterrissent à Mayotte sont des fonctionnaires, en particulier des profs. Personne n'est vraiment prévenu du choc culturel que représente l'enseignement dans cette île. On se doute bien que ce ne sera pas pareil qu'en métropole, mais on n'envisage pas du tout quel sera le public qui compose les classes mahoraises.
Bien sûr, premier choc, la non-maîtrise du français par une bonne partie des élèves, puis un rapport à l'adulte basé surtout sur la crainte, des mamans (souvent agées de 14 ans)dans les classes de sixième et des grossesses précoces en nombre très important, des conditions familiales, sociales, d'hygiène et de santé souvent catastrophiques. Toutes ces difficultés étant liées en grande partie à une situation administrative irrégulière.
Mais tout ça devient du quotidien et on arrive finalement à le gérer tant bien que mal.
Ce qui m'a le plus interpellé, c'est la méconnaissance presque totale des enfants de leur environnement. Ils sont souvent coincés dans leur village, bougent pour aller laver le linge à la rivière le week-end ou aider aux champs, font quelques voulés sur la plage mais certains ne sont jamais allés à Mamoudzou, ne se sont jamais baignés, ne savent pas ce qu'est la mangrove.
J'ai essayé, en créant le club des naturalistes juniors dans mon collège, de permettre à quelques uns de s'ouvrir à ce qui les entoure, en particulier en faisant des sorties "terrain" comme celle de la photo à la rivière de Tsingoni.
Tous mes élèves (sauf bien sûr quelques exceptions) ont été des jeunes d'une très grande gentillesse et j'ai eu le sentiment de partager de réels moments d'apprentissage avec la majorité d'entre eux. Je garderai un excellent souvenir de mon passage auprès d'eux.

jeudi 15 janvier 2009

Mayotte département : ayons les idées claires


Hier soir, RFO a organisé en direct un premier débat sur la départementalisation de Mayotte. L'échéance du 29 mars est proche où les habitants de Mayotte (ceux inscrits sur les listes électorales et pas seulement les mahorais) vont devoir se prononcer. Tout le monde s'accorde sur la necessité d'expliquer les enjeux du département à une population pas toujours au fait des droits et des devoirs qu'implique un tel choix pour l'île aux parfums.
Ainsi l'actuel et le précédent Président du conseil général ont exprimé leurs fines différences sur Mayotte-Département devant le présentateur et quatre journalistes de la presse écrite. Beaucoup de critiques ont fusées après l'heure de face à face. Il convient de rester positif. Nous vivons un moment fort de démocratie. On demande au peuple de se positionner sur son avenir et on tente via les média de l'informer. Les pays voisins proches n'ont pas cette chance...

vendredi 9 janvier 2009

Premières impressions


Commençons par le début... Que me reste-t-il des premières impressions et sensations de notre arrivée à Mayotte?
Tout d'abord une question: "Qu'est-ce que je suis venue faire ici?"
Si on cherche le dépaysement, Mayotte est une excellente destination. Le soleil qui s'abat sur votre nuque et vous fait tanguer, le bleu du ciel et du lagon qui éclate et vous fait mal aux yeux. Ici tout est fort et brutal.
Et puis on prend la barge, on arrive sur Grande-Terre et on voit la foule. Colorée, bigarrée, bruyante. On ajoute les voitures pris dans les embouteillages; klaxons, gaz d'échappements. Pour se frayer un chemin, Olivier décide de passer par la rue du commerce. Je n'en crois pas mes yeux : la rue principale est une enfilade de petits bazars, les trottoirs sont encombrés de marchands d'oignons ou de tomates, la route est défoncée par des nids de poule....
Quelques jours plus tard, nous allons voir les écoles des enfants : l'une est dans une zone industrielle, coincée entre la savonnerie et l'usine de matelas; l'autre est entourée par des carcasses de voitures et les voisins sont des clandestins qui vivent dans des baraques en tôles. Le long de la route, ces baraques forment des bidonvilles qui s'étendent sur toute la colline de Kawéni.
J'ai cru vraiment que je m'étais trompée et que je n'arriverais pas à m'adapter : au bout de trois jours, je voulais repartir. Mais il fallait rester. Tout d'abord parce qu'il m'était impossible de faire marche arrière; ensuite parce que Mayotte recèle plein de beautés qu'il faut savoir découvrir.

samedi 3 janvier 2009

Nouveau départ


Cette nouvelle année est l'occasion pour LN de reprendre la plume... ou le clavier. J'avais laissé depuis longtemps la première compagnie vous narrez nos aventures, n'ayant plus beaucoup d'inspiration. Je lui laisse continuer le récit de notre vie quotidienne mais j'ouvre un chapitre différent en décrivant à partir d'aujourd'hui ce qui nous a marqué, ému, agacé, amusé à Mayotte.
Un retour en arrière qui se justifie par notre prochain départ .
Dans six mois, nous devrons quitter cette île car mon contrat prendra fin.
Je suis prof (nul n'est parfait) et j'ai signé un contrat de deux ans renouvelable une seule fois pour vivre cette expérience de l'enseignement à Mayotte. L'aventure aurait pu s'arrêter bien plus tôt mais heureusement Mr le Préfet m'avait donné l'autorisation de continuer à sévir ici.
Nous pourrions rester en demandant le statut de résident; pour plusieurs raisons que j'évoquerai plus tard, nous n'avons pas fait ce choix.
Régulièrement, je ferai le point avec vous de ce nous retenons de notre séjour.

Rarissime rencontre !


Tous les samedis matins, vous le savez, vous qui êtes fidèles du blog, Raoul et la première compagnie s'en vont plonger Passe en S, espace sanctuarisé du lagon de Mayotte.
Bouée n°7 ils ont eu l'exeptionnelle chance de rencontrer un Dugong, mamifère marin en voie d'extinction à Mayotte. La bête en fait est venue à leur rencontre, curieuse. Après 10 mn de conversation, elle s'en est allée, laissant la première compagnie sans voix, très ému et bouleversé par ce cadeau.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Dugong
Crédit Photo : Terra Nova