lundi 16 juin 2008

La der des der (2/7)

Dans la première côte, terrible, où nous sommes obligés de mettre pied à terre, j 'avale tranquillement trois concurrents. Je reviens doucement sur un autre. Il me faudra une autre bosse pour le manger. Je sens que j'ai un bon mental. Les paysages sont magnifiques sur cette partie de course. On m'annonce mon classement : 19ème. Sur la piste Bamana, les creux et petites bossent se succèdent et je sais que mon heure va bientôt arriver, je connais le parcours. Il y a une partie rapide où il faut prendre des risques. Dans la première longue descente qui est plus un faux plat, j'appuie sur les pédales, je cale le vélo sur la partie en ciment de la piste qui permet aux véhicules de l'emprunter en saison des pluies et je fonce. Il y a à peine la largeur d'un pneu de voiture, de part et d'autres ce sont cailloux et trous. La vitesse est vraiment impressionnante, je double encore deux cyclistes moins téméraires.

Il ne reste que quelques hectomètres avant la fin de cette partie rapide. Je ne maîtrise plus le vélo, la roue avant sort du sillage sécurisé et vient frotter sur l'arrête en béton. Le peur de tomber me tétanise et je me laisse chuter sur le côté à vive allure... Le choc est violent. Première pensée angoissante: je ne vais pas finir la course ! C'est impossible, on ne peut pas jeter les efforts fournis à l'entraînement à cause d'un manque de lucidité de quelques dixièmes de seconde. Je refuse de ne pas finir MA DERNIERE COURSE SENIOR. Je n'ai jamais abandonné de course. Je bouge mes membres; rien ne semble cassé. Le vélo : il a déraillé, je tente de remettre la chaîne avec ma main droite. C'est impossible, j'ai trop mal à l'épaule. La main gauche supplée le membre handicapé. On me double sans un mot. C'est la course, chacun ses difficultés. J'enfourche péniblement le vélo et je crie. Autant pour me faire violence et avancer péniblement que parce que j'ai mal. Le genou saigne. A cet instant j'imagine finir en vrac, mettre trois heures trente et franchir la ligne dernier.

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