lundi 16 juin 2008

La dr des der (3/7)


Je peux à peine appuyer sur les pédales, je roule je ne sais comment.

Arrive le ravitaillement, je verse l'eau du verre en plastique tendu par le bidasse sur mes plaies. Voir un visage me réconforte terriblement. Le vélo me porte sur la piste plus que je ne le dirige. Je compte le nombre de concurrents doublés et le nombre de concurrents qui m'ont doublé; je ne suis pas largué. Petit à petit je retrouve un rythme et l'énergie. Il aura fallu dix minutes pour que les conséquences immédiates du choc de la chute s'estompent. Je me surprend à me mettre en danseuse dans la côte qui mène au village de Combani. A un carrefour, le militaire d'un geste nonchalant m'indique une direction que j'interprète mal. Il se reprend « C'est par là, Monsieur ». Je le maudit, fais demi tour rapidement. Il s'excuse quand je passe devant lui. « Ce n'est pas grave ». Décidément je suis très positif aujourd'hui. Dans la ligne droite qui longe le golf, mon esprit se focalise sur la prochaine longue descente où l'an dernier j'avais passé cinq cyclistes. Je l'aborde avec la rage, je m'encourage à haute voix : « Allez Olivier ! Allez, arrache toi ! Je dois rester les yeux fixés sur les trous de la piste, le vélo évite les pièges. Je reviens sur des concurrents que j'ai déjà doublé avant la chute. Au niveau d'un gué, je me jette hors du cadre et franchi l'obstacle en poussant le VTT qui a de l'eau jusqu'au moyeu, en m'invectivant toujours plus. Une adversaire est plantée là au milieu de l'eau. Je connais ses capacités. Dans le raidillon qui suit, je pousse fort pour la dissuader de tenter de me rejoindre. Je dois passer pour un cinglé tellement je me botte les fesses verbalement. Dernière partie sur la route avant le changement d'épreuve; le premier de la course par équipe, parti une demi-heure après les individuels me dépose avec un petit mot d'encouragement. Sympa le gars, peut-être aussi est-ce un peu de la pitié. J'admire ses mollets.

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